Rebecca, de Daphné du Maurier, une fresque envoutante où la frontière entre réel et fantastique semble parfois confuse. et dont Alfred Hitchcock s’est délicieusement emparée pour son adaptation cinématographique de 1940.
Histoire d’une emprise
Héroïne paradoxalement insignifiante (dont le nom n’est d’ailleurs jamais révélé dans le roman) qui épouse, follement éprise mais surprise, un fortuné aristocrate anglais Maxim de Winter, tout juste rencontré lors d’un séjour à Monte-Carlo alors qu’elle y accompagnait, en sa qualité de dame de compagnie, sa maîtresse Mme Van Hopper.
Seule ombre au tableau, le fantôme de Rebecca, la défunte première épouse de Maxim, qui, adulée de tous, hante désormais le manoir des Winter, Manderley.
Personnage exquis, spirituel et d’une grande beauté, Rebecca laisse un souvenir immuable sur Manderley que la nouvelle Mme de Winter, gauche et fade, a peine à disputer et dont, cédant au doute, elle se désole.
Sentiment d’autant plus alimenté par la gouvernante Mme Danvers dont l’obsession pour son ancienne maîtresse, n’a de cesse d’entrainer la jeune mariée, alors désemparée, dans un jeu machiavélique, alimentant suspicions et manipulations.
Le mystère Rebecca
Certes l’héroïne éveille indéniablement la compassion de son lecteur, mais la curiosité est d’autant plus attisée qu’hormis les réactions émerveillées qu’elle provoque sur autrui, aucune description précise et détaillée de la beauté de Rebecca n’est relatée. Une interrogation à laquelle Hitchcock à son tour, en grand maître de la suggestion, s’est bien gardé de répondre.
Seules pistes, des objets ayant appartenus à feu Mme de Winter et dont l’héroïne, influencée par Mme Danvers, s’empare, au grand désarroi de Maxim dont le récit révèle par la suite, les rapports houleux avec Rebecca, loin de l’image enviable et enviée de couple parfait qu’ils renvoyaient alors.
Tandis qu’un soir, sous l’influence de Rebecca, la jeune mariée apparaît revêtue d’une longue robe de soirée élégante et sophistiquée, initiative ô combien inattendue et inhabituelle de sa part.
Mr de Winter, étonné, reste impassible aux soudains artifices de séduction déployés par son effarouchée d’épouse que le peu d’assurance semble faire défaut.
Enfin le coup de maître de Daphné du Maurier c’est d’avoir su retranscrire la présence de Rebecca dont le fantôme rôde même à la lecture et que la plume ingénieuse de l’autrice, a maintenue dans une atmosphère où la distinction entre imagination et réalité reste trouble.
Et Rebecca créa l’aura
Comme beaucoup de lecteurs je présume, je me suis demandée à quoi aurait pu ressembler Rebecca ? Quelles auraient été son attitude, sa voix, sa gestuelle, sa démarche ? Et par-dessus tout, quelles auraient pu être ses tenues ?
A surgi donc l’idée d’imaginer une robe que ce personnage captivant aurait pu porter. Partant de la robe (ci-joint en photo avec Joan Fontaine) que porte, dans le film de Hitchcock, la nouvelle Madame de Winter interprétée avec beaucoup de délicatesse par Joan Fontaine.
Parée ainsi alors qu’elle tente d’imiter par sa robe sa prédécesseuse Rebecca, j’ai souhaité un modèle quelque peu semblable, avec coupe fourreau, bretelles, sans manches.
Parce qu’il m’importait qu’elle soit irrésistible, presque fatale, j’ai souhaité un crêpe satin de soie couplé à de la mousseline de soie drapée sur le corsage et les manches, pour un rendu délibérément sophistiqué.
Et pour amplifier cette allure de vamp, j’ai opté pour une jupe coupée en biais, très flatteuse, avec traîne.
Puisse le charme de Rebecca s’opérer en vous (assurément délicieux dans notre cas), et vous voir reine de beauté, parée ainsi, déambulée dans notre atelier.